Un ancien tassement de versant
Le terrassement effectué en juin 2017 à La Côte près des Champaix, pour la construction d’un bâtiment révèle un versant autrefois instable.
La coupe du terrain ne révèle pas la belle superposition des couches que l’on trouve ailleurs, elle ne montre pas une organisation réglée : des amas de schistes noirs isolés de leur contexte et des gros blocs anguleux voisinent avec d’autres blocs bien usés et d’origine morainique.
Ces matériaux mêlés témoignent de l’existence de mouvements du versant à une certaine époque.
Un versant « en marche » voit en effet se désorganiser l’agencement normal des couches. L’âge du mouvement est ancien, il ne peut être actuel car la végétation en surface n’est pas perturbée.
Généralement, de tels mouvements se produisent peu après le retrait des glaciers. Les grands glaciers alpins, dont celui de l’Isère qui a façonné la vallée de la Tarentaise, jouaient en effet le rôle de coin compressif entre les deux versants d’une vallée.
La disparition de la glace a favorisé la décompression de ces versants et a pu induire le tassement lent, en direction de la vallée, des matériaux qui les constituaient. Et si la structure géologique du versant était favorable au tassement, par exemple dans le cas de couches déjà normalement inclinées vers la vallée, le mouvement a pu devenir très rapide et le tassement se transformer en glissement de terrain.
On explique ainsi l’existence de grands barrages naturels tel que celui du col de la Madeleine, dans la vallée de l’Arc entre Lanslevillard et Bessans [Letourneur, Montjuvent et Giraud, Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise, 1983, XIII, pages 31-54]. Ou bien encore celui retenant le lac de Montriond dans le Chablais.
On date la déglaciation de nos vallées par des méthodes indirectes (bois fossiles, vestiges d’occupations humaines…). Disons pour simplifier que la disparition de la glace serait intervenue il y a environ 5.000 ans, sauf bien entendu dans les parties les plus hautes des vallées et des sommets où les glaciers ou au moins des névés sont toujours présents.
A Montvalezan, si les dépôts glaciaires ou tills qui forment les moraines sont les témoins directs du passage des glaciers, les phénomènes de tassements de versants qui remanient ces matériaux comme ici à La Côte, sont la conséquence du retrait des glaciers.