Les cailloux de nos jardins
Bêcher son jardin ou labourer son champ c’est à coup sûr extraire des cailloux.
Mars, avril… on commence à revoir les outils du jardin et à sortir les bêches et même une petite fièvre s’empare de nous. On pense à ce que l’on va semer, planter, regarder pousser… et récolter à la belle saison. Mais bêcher son jardin, labourer son champ ou simplement marcher dans les prés, c’est à coup sûr extraire ou mettre les pieds sur des cailloux.
Gênants, pas gênants ces cailloux ? Gênants, bien sûr, mais utiles aussi !
Ils compliquent la progression sur les chemins et gênent le travail dans les champs et les jardins. Alors depuis les temps immémoriaux on a procédé régulièrement et progressivement, dès le printemps, à l’épierrage des surfaces cultivables et des chemins. Prés et champs en particulier devaient être « purgés » de leurs cailloux superficiels.
Certains parmi les plus gros ont été abandonnés là par les glaciers, d’autres résultent d’éboulements, d’autres enfin sont remontés régulièrement du sous-sol par les taupes, ces derniers sont bien évidemment les plus petits cailloux.
Les cailloux qui ne pouvaient être déplacés pointent toujours leur nez dans les prés.
Encore gros mais plus petits et déplaçables, les cailloux ont été utilisés comme base de certains murs. On les retrouve sans difficulté au niveau des angles des murs des habitations anciennes notamment, ou bien sur les murs qui délimitent les parcelles cultivables qui prennent alors parfois l’aspect de murs mégalithiques.
Actuellement, les gros éléments n’encombrent donc plus les surfaces cultivables.
Les plus petits en revanche sont toujours partie prenante du sol. Et une fois la neige fondue, la surface des prés apparaît boursouflée, parsemée de petits monticules ou de boudins irréguliers organisés en réseau.
Il s’agit des taupinières et de leurs relais, tous de nature terro-caillouteuse comme le montrent les photos.
Ces cailloux nuisaient plus précisément au passage des outils agricoles, aux faux notamment ou aux lames des motofaucheuses. L’épierrage de ces matériaux dont la taille dépasse la grosseur de ce que l’on veut cultiver c’est-à-dire jusqu’à 8 à 10cm de plus grande longueur, se faisait et se fait encore avec un râteau métallique, en général à dents courtes.
Quelques coups de râteau suffisent pour séparer la terre et les cailloux que l’on doit enlever et la photo à la une montre bien la taille et la forme de ce que l’on ote du sol.
Enlever tous les cailloux n’a pas de sens en effet. De plus certains jardiniers affirment que les cailloux sont « les bouillottes du sol » ! Une fois récupérés, les cailloux étaient entassés entre prés et bois et venaient former les classiques murgers.
Mais tout de même à quoi peuvent-ils bien servir ?
On peut être pratique et penser par exemple à empierrer un chemin, à isoler une maison de son terrain naturel ou que sais-je encore, faire un captage d’eau simplifié.
Et si l’on est un peu curieux, on peut aussi faire de la géologie ! Si, si ! Et là, le plaisir est double.